samedi 18 décembre 2010

Enfants Réfugiés et Enfants Enfermés

Aujourd'hui, le matin, nous avons joué dans une autre école d'enfants réfugiés soudanais recueillis par la confrérie Comboni. Il se trouve dans une ville informelle, ce qui est un mélange de bidon ville en dur et de favela. Dans cette école l'espace de jeu et celui du public était un des plus petits que nous ayons eu. Et pourtant malgré le nombre élevé d'enfants leurs attention était très participative et l'ambiance a été instantanément à la fête. Ce fût un grand plaisir d'offrir notre spectacle à tous ces petits et d'entendre leurs cris de joie et leurs rires.

L'après-midi, nous avions rendez-vous dans une prison pour enfants, mais nous avons été surpris de constater que c'étaient plutôt des ados qui ont au maximum 21ans, l'âge de la majorité légale où ils "pourront" être jugés.
En fait ça ressemble à un grand centre ou à un collège, sauf qu'il y a des barreaux aux fenêtres, et un règlement plutôt strict. L'équipe avait un peu flippé de se retrouver devant des "criminels".
Certes ce ne sont plus pour la plupart des enfants de coeur mais paradoxalement ils sont entrés instantanément dans ce spectacle qu'on avait pensé pour des plus petits. Bon, on a changé quelques petites choses, mais vraiment pas beaucoup. Il y a des moments de danse et de musique et là plusieurs gaillards ont squatté l'espace de jeu, ça a un peu flippé dans l'équipe. Mais en générale ils nous ont très bien accueilli et l'écoute était une des meilleures de la tournée. Et en récompense nous avons échangé des checks et des au revoir plein de gratitudes.
Ainsi les craintes, assez normale vis à vis de jeunes qui nous sont présentés comme de "terribles criminels" et qui s'avèrent n'être que des enfants à qui la vie n'a pas eu la décence de sourire, s'étaient dissipés au fur et à mesure du déroulement très vivant de notre spectacle. Et derrière leur rudesse nous pouvions entrevoir cet enfant que nous avons tous en nous.
Après notre salut final, leur vie a repris ses droits et nous les avons vu se mettre en rang, scander quelques slogans, qui nous ont complètement échappés, et retourner dans leurs bâtiment. Et là au sortir de notre loge-bureau pour continuer notre route, nous avons retrouvé le gazon calme comme un terrain de sport en période de vacances de la Toussaint. C'est toujours étrange de laisser ce vide après une heure de rires et de danses.

Cette journée était bien chargée car après notre deuxième spectacle nous allions retrouver un collectif de comédiens égyptiens parmi lesquels se trouvent quelques uns de nos collègues, Aly, Cheiker, Ainy et Jacob qui partage avec Diana (notre interprète avec Maroua) le regard extérieur et peut-être même la mise en scène.
Valérie notre clown-lyrique, à moins que ce ne soit notre lyriclown, a animé un atelier de préparation et d'improvisations, que nous agrémentions avec Gabriel à l'accordéon, Aly à la derbuka et moi-même au sax de musique sur mesure. A la suite de cela nous avons eu le privilège d'assister à un filage très avancé de leur spectacle. Je ne souhaite pas le résumer car il faut voir de ses propres yeux la fraîcheurs et l'enthousiasme de ces comédiens et entendre avec son coeur ces chants irakiens, soudanais somaliens érythréens et égyptiens qui ponctuent les tranches de vie d'un continent si multiple. Nous avons été émus. C'est tout ce que je peux dire.
Mais l'heure avance, à moins que ce ne soit la nuit car il est fort tard et on se lève tôt (comme d'habitude).
Je m'en vais remettre mes boules Quies pour échapper à l'appel à la prière de 4 heures du matin et au bruits de la ville cairote. Cette journée se termine bien.
Daniel

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